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2 janvier 2015 5 02 /01 /janvier /2015 11:16

IFF Simone – Militante du mouvement Jeunes Femmes, présidente du Planning familial, membre du cabinet de la ministre aux Droits des femmes Yvette Roudy (Vabre [Tarn] 4.9.1924, Paris 29.12.2014).

Simone est une des cinq filles du pasteur Frantz Balfet et de Marthe Capelle. Marthe, élève littéraire de l’École normale supérieure de Sèvres, a enseigné les lettres pendant la guerre. Une fois mariée, elle arrête son travail et donne le jour à Jacqueline, Suzy, Hélène, Simone, Françoise. Frantz est pasteur successivement à Vabre (Tarn), à Montauban (Tarn-et-Garonne) de 1928 à 1936, puis à Sète (Hérault) de 1936 à 1943. A partir de 1943, il est nommé au Vésinet (Seine-et-Oise) et il prend sa retraite à Douvaine (Haute-Savoie).

Simone passe par toutes les activités dévolues aux filles de pasteur, de l’école du dimanche à la sensibilisation aux missions, enfin elle est éclaireuse. Elle fait partie de la Fédé en 1939-1940. Sa famille reçoit Jeanne Lebrun et Madeleine Barot à Sète pendant la guerre. C’est là qu’elle se lie d’amitié avec Agnès (Arlette) Varda et ses frères et soeurs, qui habitent à Sète depuis 1939 sur le yacht de leur père, industriel belge protestant.

Ses parents apportent leur soutien et de la nourriture aux prisonniers du camp de Gurs (Pyrénées atlantiques). La vie familiale s’écoule paisiblement. L’éducation prodiguée aux cinq filles n’est ni rigide ni sévère. Elles sont toutes de bonnes élèves. Les sœurs de Simone embrassent des carrières variées : Jacqueline, célibataire, titulaire du diplôme d’Etat d’assistante sociale à Montpellier, y exerce comme assistante sociale ; Suzy, professeure de mathématiques, épouse M. Paul Dillmann, directeur de l’hôpital de Mulhouse (Haut-Rhin) ; Hélène, célibataire, ethnologue et collaboratrice de l’ethnologue André Leroy-Gourand (1911-1986), est auteure de nombreux ouvrages ; Françoise, mariée, est enseignante dans l’enseignement technique, elle a deux enfants.

Pendant la guerre, Simone participe à la Résistance et obtient la première partie du baccalauréat. A 19 ans, en 1943, Simone, enceinte, se marie avec Werner Iff à Montpellier. Son père préfère quitter son poste à Sète, où la pasteure Elisabeth Schmidt (1908-1986) le remplace. Werner s’engage dans le maquis aux côtés des Francs tireurs partisans (FTP). Officier, il est blessé sur le front et réformé.

Simone et Werner ont cinq enfants, Marianne, Patrick, Katherine, Didier et Isabelle. Simone, suite à des grossesses non désirées, a recours à l’avortement. De 1948 à 1950, la famille habite au Vésinet, où Werner est inspecteur départemental d’assurance. Simone et Werner participent à des réunions du mouvement protestant appelé le Réarmement moral.

De 1951 à 1963, Werner dirige à Paris le Foyer protestant Etienne Matter-Elie Robin dans le XIXe arrondissement, à Belleville. Simone, collaboratrice de Werner, reçoit la rémunération de son travail inclus dans le salaire de ce dernier. Il s’agit jusqu’en 1955 d’un foyer de détenus en liberté conditionnelle. Puis, à partir de 1955, d’un foyer de semi-liberté pour garçons délinquants (une trentaine). Werner et Simone et leurs enfants partagent leur quotidien avec leurs pensionnaires. A partir de 1963, le foyer n’a plus les normes techniques pour recevoir des adolescents entre 18 et 21 ans, il ferme. Werner reprend des études universitaires de psychologie.

A Paris, Simone et Werner découvrent un univers culturel bouillonnant : le théâtre populaire de Jean Vilar et les mouvements d’éducation populaire. Quant à Simone, elle rejoint le mouvement Jeunes Femmes (MJF) du XIXe arrondissement. Elle y restera jusqu’en 1972. Elle participe à l’animation régionale, d’abord avec Evelyne Carrez, épouse du pasteur Maurice Carrez en poste rue Tournefort (Paris, Ve), puis avec Suzon Faure, épouse de pasteur. La formation à Jeunes Femmes lui fait développer une complicité entre femmes. Elle y apprend à s’exprimer oralement dans un groupe de parole féminin et de réflexion. Elle reçoit une écoute respectueuse de la part des personnes présentes. Simone fait le constat de la différence entre protestants et catholiques sur le sens de la sexualité : pour les protestants, la sexualité est l’expression de l’amour dans un couple, mais pour les catholiques, la sexualité n’a pour fin que la procréation. L’association La Maternité heureuse est fondée et présidée par le Dr Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé en 1955 (statuts déposés le 8 mars 1956) et domiciliée chez elle, 77, avenue Paul Doumer, Paris XVIe. Suzette Duflo, de son côté, vient occasionnellement aux réunions de cette association. Le premier conseil d’administration compte vingt-trois femmes : la secrétaire générale Evelyne Sullerot et des militantes du mouvement Jeunes Femmes : Odile Delteil, Madeleine Tric et une de ses amies proches, Marie-Louise Monod. L’association a pour but de diffuser des informations sur la contraception.

Dans les années 1963-1964, des réunions d’une dizaine de « Jeunes Femmes » se tiennent chez Madeleine Tric où sont contestées les théories de Freud sur la sexualité féminine. Des femmes, pour la première fois peut-être, parlent collectivement de leur sexualité. Malheureusement, aucune trace écrite n’en a été gardée.

Werner publie « Introduction à l’étude de la sexualité infantile et féminine, d’après Freud » dans le bulletin Jeunes Femmes n° 107 (septembre-octobre 1968). Quant à Simone, avec les membres de la commission « Sexualité », elle apporte trois contributions au bulletin de 1969 à 1971 : dans le n° 114, avec Thérèse Quéval et Jeanine Vergniol, « Quelle société voulons-nous construire ? » ; dans le n° 115, avec Jeanine Vergniol « La famille en changement » ; enfin, dans le n° 122, « Pourquoi des mouvements féminins aujourd’hui ? » Dans l’article « La famille en changement », les auteures essaient de répondre aux questions : que peut donc être la famille pour le couple, pour l’enfant, dans cette société en évolution ? Comment peut-elle exister, en respectant la liberté de ses membres, en les préparant à la rencontre des autres ? En conclusion : « La société […] commence à admettre l’évolution individuelle mais s’obstine à vouloir maintenir une structure familiale traditionnelle et anachronique. Aurons-nous assez d’imagination et d’amour pour imaginer des situations nouvelles qui combleraient les besoins relationnels et affectifs des êtres sans les opprimer ? »

En 1960, issu de la Maternité heureuse naît le Mouvement français du planning familial (MFPF).

Simone participe à la première formation de conseillères du Planning familial avec ses amies « Jeunes Femmes » qui habitent près de chez elle et qu’elle emmène en voiture : Germaine Gosselin (son mari, pasteur, s’est occupé de mettre en place les émissions de télévision protestantes), Noëlle Friedel, Liliane Vermeille, appelées familièrement l’ « écurie Tric ». Simone est une des premières hôtesses de la permanence du Planning familial rue des Colonnes, à Paris. Etre hôtesse d'accueil la passionne : elle s’investit beaucoup dans cette activité.

En 1965, Simone, militante de Jeunes Femmes, est envoyée en tant qu’hôtesse du Planning par le pasteur André Dumas, professeur de théologie à la faculté du boulevard Arago, pour représenter les mouvements protestants à la semaine de la pensée marxiste organisée par le Parti communiste (PC) et intervenir sur la régulation des naissances. Simone, très impressionnée, se trouve au milieu d’une grande manifestation de 4000 personnes, où sont majoritaires les femmes de l’Union des femmes françaises, dans le palais de la Mutualité. Elle doit faire preuve de courage pour prendre la parole et contredire Jeannette Vermeersch qui combat le contrôle des naissances, position très rigide du PC.

Le Dr Lagroua Weill-Hallé donne sa démission et quitte le mouvement en 1967. Le Planning, déclaré « mouvement d'éducation permanente et populaire », en reçoit l’agrément. Simone commence à travailler avec les Centres d'entraînement aux méthodes d'éducation active (Ceméa).

Dans les années 1968, Werner faisant de la formation pour les cadres supérieurs dans l’industrie, travaille toute la semaine en province et ne revient que le week-end, ce qui laisse beaucoup de temps à Simone pour militer, d’autant plus que ses enfants sont grands et dispersés. Simone participe aux événements de Mai 68 avec bonheur. Elle découvre la féministe américaine Betty Friedan, Wilhelm Reich (1897-1957), neuropsychiatre proche de Freud, le philosophe Herbert Marcuse, le psychanalyste Géza Roheim. Elle reprend des études à l’université de Vincennes pour étudier la sociologie et la psychanalyse. Elle y rencontre la philosophe Luce Irigaray et sympathise avec elle.

Simone intervient, invitée par les groupes Jeunes Femmes, pour informer sur les actions du Planning dans toute la France. Elle se rend très souvent à Lille, à la demande du Dr Claude Jeanot et de Rolande Dupont.

Après 1969, mandatée par le Planning, Simone participe au groupe Information éducation sexuelle (IES), groupe de réflexion (Fédération de l'Éducation nationale (FEN), MGEN, Fédération Cornec, Ligue de l'Enseignement) pour prévoir un programme d’éducation sexuelle en milieu scolaire. Elle touche ainsi des lycéens, des médecins. Grâce à des comités d'entreprise pourtant tenus par la CGT, opposée au contrôle des naissances, elle est appelée à faire des débats sur la contraception avec des employées. Simone, avec Catherine Valabrègue (journaliste et écrivaine, première secrétaire générale de La Maternité heureuse) et Cécile Goldet, se rendent en Afrique afin de voir comment rompre avec la vision malthusienne prônée par des membres des Plannings sur la scène internationale. A son retour, elle apprend qu’elle a été nommée secrétaire générale de la région parisienne (1970-1973). Puis Simone devient présidente du MFPF (1973-1979).

Dès 1971, Simone participe aux commissions de travail sur l’élaboration des textes d’application des lois sur la contraception, puis sur l’interruption volontaire de grossesse.

Quand Simone Veil est ministre de la Santé, Simone Iff la rencontre souvent et lui communique les rapports et enquêtes faits dans le cadre du Planning. Malgré la divergence de leurs points de vue – pour Simone Veil, la question de l’avortement est une question privée, tandis que pour Simone Iff, c’est une question sociale, collective, qui devrait être inscrite comme un droit –, elles collaborent très bien.

De 1974 à 1981, Simone représente la MFPF au Conseil supérieur de l’information sexuelle, de la régulation des naissances et de l’éducation familiale. En 1975, en collaboration avec Marcel Besse et Werner Iff, Simone publie chez Calmann-Lévy Demain, la société sexualisée : le combat du Mouvement français du planning familial. Elle est co-fondatrice avec la syndicaliste Jeannette Laot du Mouvement pour la liberté de la contraception et de l’avortement (MLAC). De 1975 à 1981, elle anime un collectif de défense des femmes prostituées. C’est une des organisatrices de la marche du 6 octobre 1979 pour la liberté de l’avortement et de la contraception.

Simone devient membre du cabinet d’Yvette Roudy, ministre aux Droits des femmes (1981-1983) qu’elle connaît depuis longtemps, en tant que conseillère technique en 1983 sur les questions de santé, sexualité, viol, violences et prostitution. Depuis 1984, Simone est membre du Conseil économique et social (CES) (section affaires sociales) et a participé à l’animation depuis 1986 du Collectif féministe contre le viol.

Simone obtient difficilement l’autorisation de la chancellerie pour faire une étude juridique sur le devenir des plaintes pour viols. Cette étude est publiée en 2000, en collaboration avec le Dr Marie-Claude Brachet, sous le titre Viols & agressions sexuelles, le devenir des plaintes.

Comme sa cousine Madeleine Tric, Simone est sollicitée par des chercheuses pour apporter son témoignage sur le Planning familial. Elle reste en contact avec des amies « Jeunes Femmes » comme Geneviève Poujol.

Simone reçoit la Légion d’honneur en 1986.

Entretiens d’Evelyne Diebolt avec Simone Iff 2007-2009. Simone Iff, Demain, la société sexualisée. Le combat du Mouvement français pour le planning familial, Paris, Calmann-Lévy, 1975. Contraception, avortement : le droit des femmes, éditions Tierce, 1979. D’une révolte à la lutte, 25 ans de Planning familial, éditions Tierce, 1982. Geneviève Poujol, Un Féminisme sous tutelle. Les protestantes (1830-1960), Paris, Les Éditions de Paris, 2003, p. 221. Matériaux pour l’histoire du mouvement Jeunes Femmes 1950-2010, Paris, Publication MJF et Michel Houdiard éditions, 2010, 451 p.Notice pages 365 à370

Evelyne Diebolt

Si vos utilisez cette bio nous vous demandons d'en citer l'origine et l'auteure . Merci.

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Published by mouvement-jeunes-femmes
21 novembre 2014 5 21 /11 /novembre /2014 19:16

Vous pourrez trouver les archives du Mouvement Jeunes Femmes à la bibliothèque Marguerite Durand où elles ont été déposées .

A la bibliothèque Marguerite Durand ont aussi été déposées les archives de Suzette Duflo fondatrice du Mouvement Jeunes Femmes.

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Published by mouvement-jeunes-femmes
7 octobre 2014 2 07 /10 /octobre /2014 11:09

INVITATION

Les 60 associations du collectif Abolition2012 vous invitent à accueillir Rosen Hicher à Paris le dimanche 12 octobre, à l’issue de sa marche de 800 km pour l’abolition du système prostitutionnel.
Rassemblement d’ accueil de Rosen à Paris
Dimanche 12 octobre à 13h30
Place Saint Philippe du Roule
8ème arrondissement

(prises de parole des soutiens, point presse, pique-nique, lancement de la marche vers le Sénat)
Pour information vous pouvez aussi :
-Accompagner Rosen sur sa dernière étape dans Paris (11h-13h30).
Entrée dans Paris : prévue à 10h45 par la porte d’Orléans
Passage de la Seine : vers 12h30 au pont des Invalides
Arrivée à son premier lieu de prostitution : 22 rue du Colisée, vers 13h
-Rassemblement d’accueil : à 13h30 place Saint Philippe du Roule
-Vous joindre à la marche revendicative vers le Sénat (15h-17h)
Associations, militantEs et sympathisantEs marcheront avec Rosen jusqu’au Sénat pour demander l’inscription à l’ordre du jour de la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel.

Pour en savoir plus sur la marche de Rosen :

Blog de soutien https://marchepourlabolition.wordpress.com/

Sur facebook https://www.facebook.com/abolition2012?ref=hl

Sur twitter @abolition2012

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25 septembre 2014 4 25 /09 /septembre /2014 08:18

Interview de Mélusine Vertelune par L’émiliE

Écrit par Nathalie Brochard

A l’occasion du débat qui s’est tenu début septembre à Genève pour la

présentation du livre "Ni silence ni pardon. L’inceste : un viol

institué", co-écrit par Jeanne Cordelier et Mélusine Vertelune, l’une des

auteures a accepté de revenir en détail sur certains aspects de son

témoignage sans concession, sur l’inceste qu’elle a subi et sur les

violences sexuelles en général. Rappelons que près de 25% des filles

subissent une expérience à caractère sexuel avant l’âge de 13 ans, que les

deux tiers des victimes d’agressions sexuelles ont moins de 18 ans. Dans

98% des cas, l’agresseur est un homme. L’association Viol-Secours qui a

organisé le débat donne également son point de vue sur ces questions.

l’émiliE : Qu’est-ce qui vous a fait rompre le silence ?

Mélusine : En me libérant du déni, j’ai vite compris que presque tous les

aspects ma vie avaient, jusqu’à ce moment là, été gâchés par ma

vulnérabilité vis à vis des gens toxiques, de part leur sadisme et/ou leur

lâcheté. J’ai compris que cette vulnérabilité était le résultat du

traumatisme produit par l’inceste dont j’étais la victime. J’ai réalisé

que pour mettre un terme à cette emprise, pour que les gens toxiques ne

puissent plus gâchée ma vie, il fallait que je les identifie et que je

cesse de supporter leur présence. Face à la révélation de l’inceste, les

gens montrent leur véritable visage. Révéler les viols que mon frère m’a

fait subir m’a permis de choisir enfin avec qui maintenir des relations et

avec qui rompre la relation. Tant que les membres de l’entourage commun

d’une victime et de son agresseur sont dans l’ignorance, l’agresseur

exerce un pouvoir sur ces personnes. Il peut se faire passer pour

quelqu’un de bien et avoir de l’influence sur la façon dont ces personnes

se positionnent vis à vis de la victime. Elles ne sont libres de choisir

leurs camps entre la victime et l’agresseur que si elles connaissent les

faits. Une victime d’inceste qui brise la loi du silence reprend le

contrôle de son existence, cette existence qui lui a été, jusque là,

confisquée au nom de la « cohésion familiale ».

Vous démontez quelques clichés (les agresseurs sont malades, ont des

pulsions, ont eux-mêmes subi des violences sexuelles). D’où viennent-ils ?

Mélusine : Ces clichés viennent principalement de la propagande

patriarcale qui est diffusée depuis des siècles par les religions, les

État, la prostitution, les chansons dites « paillardes », les médias, la

publicité, la pornographie, etc…Ils sont notamment repris dans les

discours des agresseurs et de leurs allié-e-s, afin de défendre leurs

privilèges et de maintenir leur impunité en minimisant leur degré de

culpabilité et en inversant les rôles, en particulier dans le cadre des

procédures pénales par la voix de leurs avocats.

Viol-Secours : Le système social actuel, qui est un système

(hétéro)sexiste, raciste et de classe, produit les clichés sur les

violences sexuelles, sur les agresseurs mais aussi sur les victimes (par

exemple qu’une personne victime l’aurait cherché). Un des mythes qui

consiste à dire que si les hommes violent, c’est parce qu’ils ont des

pulsions sexuelles et qu’ils ne peuvent donc pas se contrôler repose sur

une représentation biologique ou naturelle de la sexualité et de la

violence.

Or, le comportement d’un père, d’un frère ou d’un ami violeurs est un

comportement produit par une éducation sexiste, qui apprend aux hommes

davantage qu’aux femmes à avoir, maitriser et garder du pouvoir. Mais ce

n’est pas uniquement l’exercice du pouvoir que les hommes apprennent : le

système social actuel apprend aux hommes à en exercer sur les femmes et

sur d’autres groupes minorisés ainsi qu’à en tirer du profit, en somme à

exercer la domination. Les clichés comme celui-ci permettent d’éviter de

voir que les violences sexuelles sont inhérentes au système social

inégalitaire et qu’elles ont une fonction dans ce système, celui de

perpétuer la domination masculine. Les clichés viennent dès lors de la

solidarité de classe, de race et de sexe socialement construite qui permet

d’assurer le maintien de la domination.

Pourquoi la honte est-elle le fait de la victime et pas de l’agresseur ?

Mélusine : Le sentiment de culpabilité éprouvé par la victime est le

produit de l’emprise que l’agresseur exerce sur elle. Avant même de

commencer à l’agresser sexuellement, il la manipule et entrave son

autonomie psychique en l’isolant, en l’humiliant et en l’enfermant dans la

confusion et la terreur. Dès qu’il commence à l’agresser sexuellement il

s’efforce de la persuader qu’elle est coupable et complice de ce qu’il lui

fait subir. De plus, ce sentiment de culpabilité éprouvé par les victimes

est vivement renforcé par les mêmes représentations misogynes et

phallocrates que celles qui visent à déculpabiliser les agresseurs.

Viol-Secours : Les mythes véhiculés sur les violences sexuelles dont on

parlait à l’instant participent à maintenir la honte du côté des femmes

victimes plutôt que du côté des hommes agresseurs. Par exemple, prenons

l’idée particulièrement répandue selon laquelle une femme, lorsqu’elle a

été violée, aurait fait quelque chose pour que l’agresseur s’en prenne à

elle. Cette idée véhiculée notamment par les médias ou l’entourage

participe à culpabiliser la victime. Elle lui dit : « tu n’aurais pas dû

faire ceci, ou cela » ou « c’est parce que tu as fait cela qu’il t’a violé

». Or, celui qui n’aurait pas dû est l’agresseur ; il ne devait pas

violer. Ce type de représentations inverse les rôles entre l’agresseur et

la victime. Elle fait porter la responsabilité de l’agression à la victime

plutôt qu’à l’agresseur, sous-entend une part de consentement de la

victime, et minimise l’agression.

Tant que les femmes agressées ne seront pas entendues, crues et non pas

sous le coup de la suspicion comme c’est le cas actuellement avec ce genre

d’idée reçues, la honte ne sera jamais le fait de l’agresseur.

Comment expliquer la complicité que peut avoir l’entourage vis-à-vis des

violeurs ? Et la société ?

Mélusine : La plupart des gens ont moins d’empathie pour les femmes que

pour les hommes et la plupart des gens ont moins d’empathie pour les

enfants que pour les adultes. Alors peu de gens ont vraiment de l’empathie

pour les petites filles... Actuellement en France, un enfant sur 24 est

victime d’inceste. Parmi ces enfants, 7 sur 10 sont des petites filles

dont l’agresseur est un homme. D’autre part, beaucoup de gens se

réjouissent de la souffrance infligée aux victimes de ceux auxquels ils

s’identifient.

Plus nombreux encore sont les lâches qui préfèrent faire semblant de ne

rien voir et de ne rien savoir. Nous survivons dans un système fondé sur

la suprématie masculine, avec des codes, des règles et une idéologie qui

infantilisent les femmes, féminisent les enfants, chosifient les femmes et

les enfants. Voici une citation d’Andrea Dworkin, tirée de son livre Les

femmes de droite. Cette citation est malheureusement encore très réaliste

en ce qui concerne le sort des femmes adultes et peut largement être

appliquée aux enfants victimes de l’inceste : « Les témoignages portant

sur le viol, les coups du mari, la grossesse imposée, la boucherie

médicale, le meurtre à motivation sexuelle, la prostitution, les

mutilations physiques, la violence psychologique sadiques et d’autres

éléments courants du vécu des femmes, qu’ils soient excavés du passé ou

relatés par des survivantes contemporaines, devraient nous laisser le cœur

marqué, l’esprit angoissé, la conscience bouleversée. Mais ce n’est pas le

cas. Si nombreux que soient ces récits, quelque soit leur clarté ou leur

éloquence, leur amertume ou leur désolation, on pourrait aussi bien les

murmurer au vent ou les écrire sur le sable : ils disparaissent comme si

de rien n’était. On fait la sourde oreille ; les voix et les histoires

suscitent des menaces et sont rejetées dans le silence ou détruites ; le

vécu de souffrance des femmes est enseveli dans le mépris et

l’invisibilité culturelle. Comme le témoignage des femmes n’est pas et ne

peut pas être corroboré par le témoignage d’homme ayant vécu les mêmes

événements et leur accordant le même poids, il y a occultation de la

réalité même de cette violence, malgré son omniprésence et sa constance

accablante. Cette réalité devient occultée par les transactions de la vie

quotidienne, occultée par les livres d’histoire, par omission, et occultée

par les gens qui se prétendent sensibles à la souffrance mais sont

aveugles à cette souffrance-là. Le dilemme, pour dire les choses

simplement, tient à ce que l’on doit croire en l’existence de quelqu’un

avant de reconnaître l’authenticité de sa souffrance. Ni les hommes, ni

les femmes ne croient en l’existence des femmes comme êtres douées

d’importance. On ne peut tenir pour réelle la souffrance de quelqu’un qui,

par définition, n’a aucun droit reconnu à la dignité ou à la liberté,

quelqu’un que l’on perçoit, en fait, comme quelque chose, un objet ou une

absence. Et si une femme, une individue et des milliards avec elle, ne

croie pas en sa propre existence et ne peut donc valider l’authenticité de

sa souffrance, cette femme se voit effacée, oblitérée, et le sens de sa

vie, quel qu’il soit, quel qu’il aurait pu être, est perdu. Cette perte ne

peut être calculée ou pris en compte. Elle est immense, terrible, et rien

ne pourra jamais la compenser. »

Viol-Secours : Dans la grande majorité des agressions sexuelles,

l’agresseur est une personne connue de la victime. Il peut être un membre

de la famille, un ami de la famille, un voisin ou encore un petit ami, un

ex-petit ami, ou un ami. De plus, les violeurs sont très souvent des

hommes « ordinaires » dont « on n’imaginerait jamais qu’ils puissent faire

de mal à une mouche ». Ce sont des personnes qui ont une influence sur

leur entourage. Ce sont souvent des hommes qu’on écoute, qui peuvent être

reconnus socialement, ou qui ont une place importante dans la famille.

Lorsque ce sont par exemple des hommes politiques, des ecclésiastiques,

des médecins, ou des hommes avec un poste à responsabilité, le prestige

social et le pouvoir économique rajoutent encore des éléments à l’emprise

qu’ils peuvent exercer. Toutefois, parler de complicité de l’entourage

d’une manière générale est une question délicate. Il faut rappeler que la

responsabilité de l’acte incombe à l’agresseur et à ceux et celles qui en

retirent un bénéfice immédiat.

La complicité d’une grande frange de la société s’explique également par

le sexisme de cette dernière et la banalisation des violences sexuelles.

Elle s’explique par la confusion entretenue entre amour et violence, entre

sexualité et violence notamment à travers le « fantasme du viol ». La

culture du viol de la société actuelle entretient l’idée que le

consentement est superflu ou accessoire et c’est pourquoi il est important

de rappeler que « céder n’est pas consentir ». Mais l’absence de rupture

des hommes eux-mêmes avec la violence et l’exercice de la domination

explique aussi la complicité de la société envers les violeurs. Cette

complicité est aussi l’expression d’une solidarité masculine,

masculiniste, de classe et de race. Tant que les privilèges collectifs et

individuels d’être un homme, et/ou d’être blanc, et/ou d’être

hétérosexuel, et/ou d’être riche seront conservés, et que des hommes ne

voudront pas rompre avec le sexisme et abandonner leurs privilèges, la

complicité se maintiendra.

L’inceste ne figure pas toujours en tant que tel dans le code pénal des

pays. Quelle est votre position à ce sujet ?

Mélusine : Le viol, sous toutes ses formes (notamment les plus

fréquentes, à savoir : l’inceste, la prostitution et le viol conjugal),

devrait être considéré et traité par les lois nationales et

internationales comme un acte de terrorisme et une torture physique et

mental. Le fait qu’il soit commis d’une façon massive et systématiquement

dirigée contre une catégorie précise d’être humains à des fins de

déshumanisation devrait logiquement le placer dans la liste des crimes

contre l’Humanité. Si ce n’est pas le cas, c’est uniquement parce que

l’écrasante majorité des victimes de viol sont des femmes et des enfants,

et que la culture patriarcale qui domine le monde est fondée sur la

négation des femmes et des enfants en tant qu’êtres humains. En ce qui

concerne plus précisément l’absence d’une définition de l’inceste dans le

code pénal français (voir à ce titre la campagne du Collectif Féministe

Contre le Viol), elle résulte aujourd’hui d’une volonté de la classe

juridique et d’une grande partie de la classe politique qui préfère

sacrifier la dignité humaine des victimes plutôt que d’égratigner

l’impunité et les privilèges des agresseurs. Pourtant, l’inceste est une

dictature dont l’objectif est la démolition programmée et calculée d’un

enfant dont le statut d’être vivant est nié, au moyen du viols et d’autres

formes de tortures physiques et/ou mentales, par un système familial

établie et pérennisé consciemment et volontairement. Dorothée Dussy,

anthropologue au CNRS, a rédigé un article très complet, argumenté et

référencé à propos du traitement judiciaire des affaires d’inceste en

France. Cet article intitulé Une justice masculiniste : le cas des

affaires d’inceste, fait partie d’un ouvrage collectif qu’elle a coordonné

: L’inceste, bilan des savoirs.

Viol-Secours : Tout d’abord, pour nous, c’est à chaque femme de décider,

de manière autonome, si elle veut faire recours à la justice et nous

l’accompagnons dans cette démarche lorsqu’elle le souhaite. En Suisse,

l’inceste est inscrit dans le Code pénal à l’article 213. Toutefois, la

difficulté de certains pays à inscrire l’inceste dans le Code Pénal peut

résulter, selon nous, de l’impossibilité de faire rentrer le politique

dans l’espace familial. La cellule familiale est encore aujourd’hui un

espace considéré comme privé. Bien que toutes les statistiques montrent

que la majorité des violences faites aux femmes se déroulent dans cet

espace, dans les discours dominants, la famille est décrite comme un

espace de sécurité, exempt de violences. Introduire l’inceste dans le code

pénal, c’est en quelque sorte aller à l’encontre de cet idéal. D’autre

part, il est important de préciser que la justice actuelle n’est pas

neutre, elle est une justice masculiniste, raciste et de classe. Alors

qu’il touche toutes les catégories sociales, l’inceste est souvent

présenté comme le fait des groupes sociaux les plus pauvres. De plus, lors

des enquêtes et des procès, la justice accorde souvent plus de crédit à la

parole de l’agresseur, d’autant plus s’il est un notable influent, qu’à

celle de la victime. Les femmes agressées se retrouvent souvent mises en

accusation en raison de leur « réputation », leur parole étant mise en

doute plutôt qu’accréditée. Avec la montée en puissance des concepts tel

que le syndrome d’aliénation parentale (SAP) la parole de l’enfant est de

plus en plus remise en question. Ce concept est de plus en plus mobilisé

pour décrédibiliser les récits des filles et des garçons victimes

d’inceste, avec comme argument qu’ils ou elles seraient sous influence de

la mère, laquelle utiliserait l’enfant pour nuire au père.

Vous préconisez des solutions féministes collectives. Lesquelles ?

Mélusine : L’existence et le travail accompli par des associations telles

que le Collectif Féministe Contre le Viol (en France) et Viols-Secours en

sont de bons exemples. Il faudrait que ces associations soient davantage

reconnues et subventionnées, que leurs expertises soient prises en compte

pour redéfinir les lois, les dispositifs publics d’aide aux victimes, le

contenu des programmes éducatifs et scolaires ainsi que l’organisation des

services de protection de l’enfance. Il faudrait une prise de conscience

massive au sein de la population pour construire une véritable solidarité

envers et entre les victimes et faire pression sur les gouvernements. Il

faudrait aussi que les organisations et les personnes censées être

progressistes rejoignent enfin notre combat au lieu d’en nier la dimension

politique comme le font certaines.

Viol-Secours : De nombreuses solutions féministes collectives existent. A

Viol-Secours, nous trouvons important d’avoir recours aux solutions

collectives et pas seulement individuelles, comme par exemple

l’autodéfense féministe, les manifestations ou les groupes non-mixtes afin

de retrouver la solidarité féministe que le système sexiste cherche à

casser. Les violences sexuelles sont des violences de genre qui touchent

les femmes individuellement, mais également collectivement en ce qu’elles

exercent un contrôle social important sur les femmes. Elles les placent

dans une situation de victimes « potentielles »« parce qu’elles sont des

femmes », les violences sexistes et sexuelles contrôlent les

comportements. Les solutions collectives permettent également de casser la

logique libérale et individualiste de la société actuelle, et de rompre

avec l’isolement social que les agresseurs tentent d’imposer. Le partage

des expériences avec d’autres femmes que l’action collective apporte est

aussi un élément essentiel de la lutte féministe.

Ni silence ni pardon. L’inceste un viol institué, Jeanne Cordelier et

Mélusine Vertelune, Editions Militantismes, 110 p.

Source : http://www.lemilie.org/index.php/ici/619-viol-ni-silence-ni-pardon

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25 septembre 2014 4 25 /09 /septembre /2014 08:09

COMMUNIQUE DE PRESSE

Abolition 2012

23 septembre 2014

Le 12 octobre, marchons avec Rosen pour l'abolition de l'esclavage sexuel !

Le collectif Abolition 2012 salue l'engagement historique de Rosen Hicher, engagée depuis le 3 septembre dans une marche de 800 km vers Paris afin de protester contre la persistance de l'esclavage sexuel que constitue la prostitution.

Pour Rosen Hicher qui a connu 22 années de prostitution, comme pour nos 60 associations de lutte contre toutes les violences sexuelles et sexistes, l'abolition de l'esclavage sexuel passe notamment par la pénalisation de ceux qui exploitent la précarité des femmes pour leur imposer un acte sexuel par l'argent. « Laisser le droit aux clients de nous acheter, c'est laisser le droit aux proxos de nous vendre : tant qu'il y aura de la demande, il y aura de la vente » a t-elle ainsi déclaré à l'AFP dès le début de sa marche.

Avec Rosen Hicher, le collectif Abolition 2012 demande donc au Gouvernement de tenir sa promesse de faire aboutir dans les tous prochains mois la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel et de s'engager aujourd'hui à l' inscrire à l'ordre du jour du Sénat dès octobre 2014.

Le collectif invite toutes les forces progressistes à marcher avec Rosen lors de sa dernière étape dans Paris, prévue le 12 octobre 2014.

Pour suivre la marche de Rosen

http://marchepourlabolition.wordpress.com/

La marche de Rosen dans la presse

L’ex-prostituée marche contre l’esclavage sexuel. La Nouvelle république Indre

Rosen, il lui a poussé des ailesIrréductiblement féministe

L’ex-prostituée marche contre " l’esclavage sexuel "La Nouvelle République Loir et Cher

Une halte à la mairie de Poitiers pour Rosen HicherLa Nouvelle République

Marche pour l’abolition de la prostitutionLa Maçonne

Saint-Maixent Elle marche pour dénoncer la prostitutionCourrier de l’Ouest

Luc Renoux, logisticien et " itinérant de la bientraitance "La Nouvelle République

L’ex-prostituée marche contre l’esclavage sexuelCentre Presse

L’ex-prostituée marche contre l’esclavage sexuelLa Nouvelle République

Les 4 vérités de Rosen Hicher, ex-prostituée en guerre contre la prostitutionFrance 3 Poitou-Charentes

En soutien à la marche Rosen Hicher pour l’abolition de la prostitutionZéro Macho

Suivons Rosen, en marche pour l’abolition ! Prostitution & Société

Saintes (17) : une ex-prostituée entame une marche de 700 kmFrance TV Info

Elle marche sur ParisSud Ouest

Charente-Maritime : une ancienne prostituée marche pour "l’abolition de l’esclavage sexuel"Sud Ouest

Ex-prostitute marches on Paris for law to criminalize clientsThe Japan Times

Une ex-prostituée entame une marche en faveur de la pénalisation des clientsElle

Ex-prostitute marches for law to criminalise clientsGlobal Post

Une ex-prostituée marche pour réclamer la pénalisation des clientsLibération

«La prostitution est une drogue, puis une mort lente»Libération

Rosens langer Marsch gegen Prostitution Emma

Suivons Rosen, en marche pour l’abolitionMouvement du Nid

Rosen marche pour l’abolitionFondation Scelles

Rosen en marche pour l’abolition !A dire d’elles

La marche de Rosen contre la prostitutionAdélaïs & Jasmine

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29 août 2014 5 29 /08 /août /2014 16:23

COORDINATION FRANCAISE POUR LE LOBBY EUROPEEN DES FEMMES,

6 rue de la Rochefoucauld, 75009

COMMUNIQUE

Paris, le 26 août 2014

Composition du nouveau gouvernement : La gifle de la rentrée !

Au lendemain de la loi du 4 août sur l'égalité réelle entre les femmes et les hommes que nous devions fêter lundi prochain, le coup porté est fatal : le nouveau gouvernement Valls 2 réduit les droits des femmes a un Secrétariat d'État. Ce remaniement sonne la fin d'un Ministère de plein exercice, promesse de François Hollande candidat en 2012 que les féministes avaient appelé de leurs vœux.

Déjà été fondus depuis mars dernier dans un Ministère fourre-tout avec la politique de la ville, la jeunesse et les sports, les droits des femmes aujourd'hui rétrogradés à un simple Secrétariat d'État, sont en outre affiliés à la Santé, alors que ce sujet avait été porté en transversalité jusqu'ici. Les droits des femmes ne sauraient se réduire a une question de santé.

Certes la parité au sein du nouveau gouvernement Valls est au rendez vous mais c'est un bien maigre lot de consolation.

Il ne nous reste plus qu'à remercier Najat Vallaud Belkacem pour sa volonté et son courage dans ses actions de promotion des droits des femmes. Nous retiendrons son audace et sa ténacité lorsqu'elle a osé proposer la suppression de la notion de "détresse" pour les femmes qui veulent avorter ou le soutien qu'elle a apporté au projet de loi sur la lutte contre le système prostitutionnel comprenant la pénalisation du client. Mais ce projet de loi est toujours en souffrance au Parlement .Nous ne pouvons qu'être inquiètes sur son devenir.

La CLEF espère que dans ses nouvelles fonctions de ministre de l’Éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, Najat Vallaud Belkacem mettra en application ce qu'elle avait impulsé en matière de lutte contre les stéréotypes sexistes et réalisera un véritable plan d'action ambitieux pour la formation des enseignant(e)s, a défaut de généralisation de l'abcd de l’Égalité. Il faut aussi souhaiter qu'elle ait la volonté d'appliquer effectivement la Charte de la laïcité mise en place par Vincent Peillon.

Contacts : Françoise Morvan, 06 03 13 56 24 et Julie Muret 06 19 25 43 61

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29 août 2014 5 29 /08 /août /2014 16:15

COMMUNIQUE DE PRESSE

ABOLITION 2012

Paris, le 23 juillet 2014

Egalité réelle entre les femmes et les hommes : Abolition 2012 salue l’adoption d’une loi demandant à l’État de renforcer la lutte contre le système prostitutionnel.

L'Assemblée nationale et le Sénat viennent d'adopter définitivement la loi pour l'égalité réelle entre les femmes et les hommes. Nos 60 associations se réjouissent du fait que la loi demande à l'Etat, dès son article 1er, de « renforcer la lutte contre le système prostitutionnel » pour promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes.

En plaçant la lutte contre le système prostitutionnel au coeur des priorités de l'Etat en matière d'égalité, le Parlement, avec le soutien du Gouvernement, rappelle que l'exploitation des plus vulnérables et la violence sexuelle extrême que constitue la prostitution sont profondément incompatibles avec tout projet de société visant l'égalité réelle entre femmes et hommes.

Les deux assemblées s'inscrivent ici dans la continuité de l'ensemble des recommandations et résolutions adoptées ces dernières années en matière de lutte contre les violences faites aux femmes et de promotion de l'égalité femmes-hommes :

  • Dès 2010, à l'occasion de la Grande cause nationale « lutte contre les violences faites aux femmes », le Gouvernement Fillon inclut la prostitution dans la liste des violences faites aux femmes et affirme que tout achat d'un acte sexuel constitue en soi une violence.
  • Le 6 décembre 2011, l'Assemblée nationale adopte à l'unanimité sa résolution réaffirmant la position abolitionniste de la France en matière de prostitution et dénonce la violence inhérente à la prostitution.
  • En 2013, le Haut Conseil à l'Egalité entre les Femmes et les Hommes (HCEFH) salue dans son avis la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel et soutient la pénalisation de l'achat d'un acte sexuel.
  • Le 5 décembre 2013, l'Assemblée nationale adopte par 268 voix, contre 138, sa proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel, incluant 4 piliers, dont la pénalisation de tout achat d'un acte sexuel.
  • En février et avril 2014, le Parlement européen et l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe qualifient la prostitution de violation des droits humains et d' obstacle à l'égalité entre les femmes et les hommes, et demandent aux Etats d'interdire tout l'achat d'un acte sexuel.
  • Enfin, en 2013 et 2014, les délégations aux droits des femmes de l'Assemblée nationale et du Sénat adoptent chacune un rapport parlementaire indiquant qu'il ne peut y avoir d'égalité entre les femmes et les hommes tant qu'est maintenu un droit à imposer un acte sexuel par la contrainte financière.

Alors que des dizaines de milliers de personnes demeurent enfermées dans le système prostitutionnel, nos associations rappellent qu'il est urgent de faire adopter définitivement une loi globale et cohérente visant à faire reculer la prostitution tout en soutenant ses victimes. Dans ce contexte, elles appellent le Gouvernement à concrétiser enfin son engagement en inscrivant au plus vite la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel à l'ordre du jour des deux assemblées pour y être adoptée définitivement.

Le collectif Abolition2012 rassemble 60 associations de soutien aux personnes prostituées et de lutte contre toute forme de violence sexuelle ou sexiste.

www.abolition2012.fr

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29 mars 2014 6 29 /03 /mars /2014 16:18

Cher(e)s Ami(e)s,

Suite à la grande nouvelle du vote favorable du rapport du FEMM (Comité du Parlement Européen sur le Droit des Femmes et Egalité des genres), nous devons nous assurer que le rapport sera également voté en plénière, la semaine du 24 février.

Pierette Pape, du LEF, a ainsi lancé l'initiative " 18 jours de sensibilisation", publiant et partageant un mythe autour de la prostitution chaque matin. Cette démarche vise à déconstruire les préjugés et casser les idées reçues autour de potentielles effets bénéfiques de la prostitution. (La publication complète des 18 mythes est déjà présente sur http://www.womenlobby.org/news/ewl-news/article/18-myths-on-prostitution-read-and.

Mythe 1 : "C’est le plus vieux métier du monde.”

Changeons de perspective : le proxénétisme pourrait en effet être considéré comme le plus vieux métier du monde. En tous les cas, ce n’est pas parce que quelque chose existe depuis longtemps que l’on ne peut pas ou ne devrait pas la changer. Nous ne disons pas « le meurtre existe depuis toujours : nous ne pouvons rien y faire ». Regardez la peine de mort ou l’esclavage par exemple.

Mythe 2 : “C’est un métier comme un autre.”

Connaissez-vous un autre métier dans lequel les personnes ont un taux de mortalité 10 à 40 fois supérieur à la moyenne ? Où 60 à 80% des “travailleur-se-s” subissent régulièrement de la violence physique et sexuelle ? Si c’est un métier comme un autre, comment se fait-il que si peu de femmes d’Europe de l’Ouest le pratiquent ? Comment se fait-il que l’écrasante majorité des personnes prostituées soit des femmes migrantes ? Ce soi-disant “métier“ serait-il réservé aux femmes migrantes ? Pour respecter l’égalité femmes-hommes, devrions-nous le promouvoir auprès des hommes ? Plusieurs syndicats en Europe ne voient pas la prostitution comme un métier car elle est incompatible avec les critères associés à tout métier, à savoir la sécurité et la dignité, ainsi que la progression de carrière.

Mythe 3 : “C’est un choix.”

“Si les femmes avaient plus de choix économiques dans cette société, elles ne choisiraient pas d’être violentées dans la prostitution », dit Fiona Broadfoot, survivante anglaise de la prostitution. Le choix est toujours relié à un contexte. Aujourd’hui en Europe, l’égalité femmes-hommes n’est pas une réalité : regardez simplement l’écart salarial (16%), la réalité des violences faites aux femmes (1 femme sur 5 est victime de violence conjugale), les stéréotypes sexistes, la sous-représentation des femmes dans les entreprises, le monde académique et la politique (24% des parlementaires au niveau national)… Dans un contexte où les femmes subissent discrimination, pauvreté et violence, le consentement peut être acheté avec de l’argent. De nombreuses études montrent que la pauvreté, des pertes familiales, le sans-abrisme, la dépendance aux drogues, et une histoire de violence sexuelle et physique, se combinent pour rendre les jeunes femmes plus vulnérables à l’entrée dans la prostitution. De plus, la majorité des femmes qui entrent dans la prostitution le font très jeunes. Voudriez-vous que votre fille ou votre sœur choisisse de se prostituer ? Elle peut commencer demain.

Mythe 4 : “La prostitution rapporte beaucoup d’argent.”

A qui ? Selon Interpol, un proxénète en Europe gagne 110 000 euros par année et par femme prostituée. Si la prostitution est un métier si lucratif, comment se fait-il que la majorité des femmes dans la prostitution ne possèdent ni voiture, ni appartement et n’épargnent pas pour le futur ? L’idée que la prostitution rapporte beaucoup est un mythe. En outre, débattre sur le montant gagné dans la prostitution est une stratégie malhonnête : quel que soit le montant, la prostitution consiste en une personne qui achète l’accès à votre corps et votre sexualité. Les êtres humains n’ont pas de prix.

Mythe 5 : “La prostitution apporte l’indépendance économique aux femmes, et spécialement aux femmes migrantes.”

En ces temps de crise économique, avec des forts taux de chômage, et de plus en plus d’attitudes racistes, il serait très facile de dire que la prostitution est une solution pour les femmes en général, et pour les femmes migrantes en particulier. Cela contribuerait à réduire les taux de chômage ! Les vraies questions pour les femmes migrantes concernent : l’accès au marché du travail, la reconnaissance des qualifications et les droits de réunification familiale. L’indépendance économique ne doit pas primer sur la souffrance et la violence. Au 21e siècle, nous devons proposer mieux que cela.

Mythe 6 : “La prostitution, c’est la liberté sexuelle ; l’abolition est anti-sexe.”

Soyons plus précis-e-s : nous parlons de la liberté sexuelle de qui ? Tout le monde est d’accord avec l’idée que la liberté sexuelle consiste à vivre pleinement sa santé et ses droits sexuels, basés sur l’égalité et libérés de toute discrimination, force ou violence (définition de l’Organisation mondiale de la santé). La prostitution n’a rien à voir avec le sexe, c’est une question de pouvoir : l’achat d’un acte sexuel est en soi le déni du désir de l’autre personne. Payer pour du sexe, c’est nier le droit d’une autre personne au désir sexuel, et cela représente une prise de pouvoir sur l’autonomie sexuelle d’un autre être humain. En d’autres termes, acheter un acte sexuel ne peut jamais être de la liberté sexuelle. Les abolitionnistes sont pro-sexes : ils/elles veulent une réelle liberté sexuelle et l’égalité femmes-hommes, et cela ne sera pas le cas tant que la sexualité sera placée dans le champ du marché.

Mythe 7 : “La prostitution fait partie du combat historique des femmes pour le contrôle sur leur corps.”

Dans les années 1970 en Europe, les femmes se sont en effet battues pour faire reconnaître leurs droits reproductifs et sexuels, en particulier le droit à l’avortement dans de bonnes conditions. Elles dénonçaient l’inégalité structurelle femmes-hommes, et donc toute autorité qui essayait d’imposer ses vues sur leurs droits humains : la religion, la tradition… et le marché. La marchandisation de la sexualité et du corps des femmes ne peut pas être considérée comme faisant partie d’une lutte collective pour les droits des femmes : la prostitution, ce sont des hommes qui se donnent le droit d’acheter du sexe, ce n’est pas une solution pour atteindre l’égalité femmes-hommes

Mythe 8 : “Certaines femmes disent que c’est leur droit de se prostituer.”

Certaines personnes acceptent librement du travail pour moins que le salaire minimum (spécialement des migrant-e-s sans-papiers par exemple) ; d’autres acceptent même de vendre leur organe. Dans ces deux cas, notre société a décidé de protéger les plus vulnérables et de garantir une vie décente pour tou-te-s ; dans ces cas, la loi condamne donc l’employeur, ou l’acheteur d’organe. De même, la loi devrait pénaliser le client-prostitueur, pas la personne prostituée. Quelques personnes disent en effet qu’elles choisissent d’être dans la prostitution ; mais une société démocratique ne se construit pas sur la base de choix individuels qui ne reflètent pas la situation de l’écrasante majorité. Ce qui est en jeu, c’est le futur que nous créons, la société dans laquelle nous voulons vivre. Aujourd’hui, nous devrions être davantage engagé-e-s à défendre le droit des femmes et des hommes à ne pas être dans la prostitution.

Mythe 9 : “Seul-e-s les “travailleur-se-s du sexe” devraient pouvoir parler de prostitution, parce qu’ils/elles savent de quoi ils/elles parlent.”

Est-ce que les femmes victimes de violence conjugale devraient être les seules à pouvoir dénoncer la violence entre partenaires ? La violence conjugale est reconnue comme forme structurelle de violence faite aux femmes, qui nous affecte tou-te-s, car elle touche à nos valeurs sociétales. La prostitution aussi nous affecte tou-te-s : elle véhicule des normes et des représentations auprès des jeunes, elle est banalisée et même glamourisée par les médias et l’industrie de la culture. Pas étonnant alors que l’insulte ‘pute’ soit si répandue ! En outre, pour chaque “travailleuse du sexe” médiatisée, il y a de nombreuses survivantes de la prostitution, que l’on entend rarement, à cause du traumatisme lié à leur expérience. Et des milliers de personnes encore dans la prostitution, qui sont invisibles. Il est temps de les écouter.

Mythe 10 : “La prostitution est utile pour la société, surtout pour les hommes seuls et isolés socialement.”

Les clients-prostitueurs ne correspondent pas à ce stéréotype : des recherches internationales montrent que la majorité des clients sont des hommes mariés ou dans une relation, et qu’ils ont tendance à avoir un plus grand nombre de partenaires sexuelles (en dehors de la prostitution) que le reste de la population masculine. En justifiant la prostitution comme une institution sociale, on sous-entendrait donc que quelques femmes doivent être sacrifiées pour les “besoins“ de ces hommes. Par chance, vous ou votre sœur/femme/fille/amie n’est pas dans le groupe des sacrifiées. Les femmes dans la prostitution sont avant tout des femmes ; elles doivent bénéficier des mêmes droits et de la même dignité que toutes les femmes.

Mythe 11 : “La demande ne disparaîtra jamais.”

Quelle triste vision des hommes… : selon cette affirmation, les hommes seraient dépendants de soi-disant “besoins sexuels irrépressibles“, pas de leur cerveau. C’est d’autant plus surprenant de penser cela que la majorité des hommes ne sont pas clients. La demande est légitimée par une certaine vision de la masculinité, liée à la virilité ou la force, autant de stéréotypes sur les hommes dans nos sociétés inégalitaires. La demande peut être réduite par l’éducation, la prévention et la loi. C’est aussi simple que cela. Le fatalisme est utilisé par celles et ceux qui n’ont pas envie de changer la société.

Mythe 12 : “Si on abolit la prostitution, il y aura davantage de viols.”

En fait, c’est tout le contraire : des études ont montré que les hommes achètent du sexe simplement parce que c’est possible. La normalisation de la prostitution favorise au contraire les actes de violence envers les femmes, en envoyant à la société le message que les femmes sont des marchandises. Le Névada, où le proxénétisme a été décriminalisé, connaît le plus fort taux de viols comparé aux autres Etats américains. Dans une étude sur les hommes, 54% des clients-prostitueurs ont reconnu avoir eu un comportement sexuel agressif envers leur(s) partenaire(s) (hors prostitution).

Mythe 15 : “Avec le modèle suédois, les personnes prostituées connaissent plus de violence car la prostitution devient clandestine.”

Si les clients peuvent trouver les femmes prostituées, alors la police et les services sociaux aussi ! En pénalisant les clients-prostitueurs, le modèle suédois change la relation entre les femmes et les clients : les clients sont désormais les criminels. Des femmes prostituées, qui avaient été en Allemagne avant d’arriver en Suède, ont dit à l’unité prostitution de la police de Stockholm qu’il y a bien plus de violence dans les bordels légaux, car les clients ont tous les droits, étant donné qu’ils achètent un service. Les travailleur-se-s sociaux-ales en Suède voient les personnes dans la prostitution plus en confiance pour venir demander de l’aide. Au contraire, dans les pays où les bordels sont légaux (comme en Australie ou en Allemagne), les services sociaux et de police disent que leur accès aux personnes est limité. Légaliser la prostitution ne changera pas sa réalité : la prostitution est une violence. 68% des femmes dans la prostitution souffrent des symptômes du syndrome de stress post-traumatique, comme les victimes de torture ou les vétérans de guerre.

Mythe 16 : “Il ne faut pas pénaliser les clients car ils sauvent des femmes ou peuvent identifier des victimes de traite.”

Peut-être avez-vous regardé le film “Pretty woman” trop souvent. Un client-prostitueur qui “sauve“ une femme, ou dénonce un cas de traite, reste un client-prostitueur ; l’existence de “gentils clients“ ne réduit pas la demande, cela renforce juste une vision romantique de la prostitution qui n’a rien à voir avec la réalité. De plus, les “gentils clients“ sont juste une minorité parmi les clients-prostitueurs : les sites internet des clients (qui commentent les femmes qu’ils ont payées) sont très révélateurs. Par exemple : “Fellation raisonnable, mais une mauvaise attitude et ne faisant aucun effort pour avoir l’air intéressé ou même prétendre prendre du plaisir“ ; “c’était comme baiser un sac à patates sexy“ (The invisible men Tumblr).

Mythe 17 : “Les abolitionnistes veulent interdire la prostitution.”

Il y a une grande différence entre l’approche prohibitionniste, qui pénalise tous les acteurs du système prostitutionnel, y compris les personnes prostituées, et l’approche abolitionniste qui ne vise que les clients-prostitueurs, les proxénètes et les trafiquants, en d’autres mots ceux qui ont le pouvoir de choisir. Simplement pénaliser tout le monde ne permet pas de questionner les causes profondes et la nature genrée de la prostitution. L’abolition consiste à qualifier la violence structurelle, économique, psychologique et physique inhérente à la prostitution, et donc à protéger les personnes concernées, et à criminaliser les auteurs de ces violences, à savoir les clients-prostitueurs. Abolir, c’est proposer des alternatives concrètes aux personnes prostituées et changer les mentalités.

Mythe 18 : “L’abolition de la prostitution est une utopie.”

Abolir la prostitution ne veut pas dire l’éradiquer. Les viols, les meurtres et la pédophilie sont interdits, et pourtant existent toujours. Ce qui est important, c’est la norme sociale donnée par la loi : elle ancre, parmi les droits humains, le principe que le corps humain et la sexualité ne sont pas à vendre. Elle crée les conditions pour réaliser une société réellement égalitaire.

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19 janvier 2014 7 19 /01 /janvier /2014 09:40

Impressions d’une féministe à la lecture du rapport du sénat sur la prostitution

Impression d’ensemble : j’ai le sentiment que le rapport d’une façon répétitive attribue le mauvais accès aux soins et aux mesures sociales des personnes prostituées à la discrimination dont les personnes prostituées seraient l’objet : ce discours sur la discrimination qui serait à l’origine de tous les malheurs des personnes prostituées est celui de l’asso Griselidys , (association de personnes prostituées) , dont je mets en doute la représentativité)

Est noté aussi le manque d’information sur la prostitution, ce qui m’étonne car des enquêtes sérieuses existent en France , celles du nid , en particulier sur les clients, et au Canada où la prostitution est l’objet de recherches fréquentes et approfondies.

  • - Le rapport reconnaît la prostitution comme une violence mais en refusant d’aborder le pénal n’en tire aucune conséquence.
  • - Si un homme sur quatre est client prostitueur, un quart des sénateurs un possiblement client , ce qui ne sera pas ans effet sur son vote.
  • - Les mesures proposées en faveur des personnes souhaitant sortir de la prostitution doivent être accompagnées de sanctions pénales pour les clients, sinon nous ne sommes pas dans le cas d’une loi républicaine rationnelle, portée par les valeurs de liberté , d’égalité , de fraternité, mais devant une loi compassionnelle que l’on rapprochera de la démarche pour l’aide sexuelle aux handicapés. Elle permettra aux tenants de la professionnalisation de la prostitution d’affirmer que , si d’une part acheter l’accès au corps d’autrui n’est pas un délit, et que d’autre part, les mesures d’aides mises en place permettent à celles et ceux qui le souhaitent de sortir de la prostitution , les personnes qui se prostituent le font en toute liberté et par choix. Par ce fait le client sera déresponsabilisé et justifié.
  • - En conséquence , ,je m’interroge sur le fait que le rapport n’ai pas abordé le côté pénal et je me pose des questions sur cette décision .
  • - Il y a beaucoup à dire sur ce rapport, en tant que féministe , il m’inquiète.
  • - Il reste à interroger les choix de la commission,

Annie Ségura Daudé

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12 décembre 2013 4 12 /12 /décembre /2013 14:59

                         

 

Les femmes disent merci aux députés

                                                   La prostitution …. Basta

 

  Le Mouvement Jeunes Femmes , association qui accueille et accompagne les femmes victimes de violences

(tél: 05 63 49 90 99 - 13, rue Négo Danos à Albi)

remercie les députés qui ont voté en faveur de la loi sur l’abolition du système prostitutionnel !

 

     Obtenir un acte sexuel d’un ou d’une partenaire qui ne partage pas ce désir contre de l’argent en compensation de l’accès à son corps, c’est instrumentaliser la personne à travers son corps, c’est l’aliéner.

 

      Pour la société, punir le client , c’est reconnaître cette violence. C’est responsabiliser le client  sur le fait que c’est sa demande qui créé l’offre. Le prétendu consentement à cette aliénation résulte de violences, de la misère, de la drogue, de trafics d’êtres humains. Le client ne peut l’ignorer, il se dédouane en payant.

 

  Dans les pays qui ont légalisé la prostitution on voit se libérer des sexualités violentes , se développer la prostitution d’enfants et la traite d’êtres humains. Les lieux de prostitution deviennent les lieux de toutes sortes de trafics . Les gouvernements de ces pays commencent à s’interroger sur le bien fondé de cette légalisation.

 

  Ce texte de loi sur l’abolition de la prostitution comprend un volet sur l’aide aux personnes qui vont sortir de la prostitution. La personne prostituée est enfin reconnue comme victime du système prostitutionnel.

 

  Enfin le long combat pour la dignité des femmes, pour leur liberté, trouve un écho dans la loi française ! En tant que citoyennes françaises nous en sommes très fières : la France , par cette loi met en acte son idéal d’égalité.

 

Il reste au Sénat à confirmer cette avancée du droit.Quel sénateur pourrait voter contre ? 

 

Albi le 10/12/2013

 

Mouvement Jeunes Femmes

19, Chemin  des Vignes - 81800 MEZENS

tél -fax (33)5 63 43 00 28

e-mail :mvt.jeunes.femmes@gmail.com

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